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Ivan Dosdal pissenlit.jfif

Lettre à ta belle sensibilité qui fait que tu as aussi des « jours sans »

Mon métier et « ma couleur » en tant que coach, c’est d’accompagner des jeunes et adultes avec une belle sensibilité.

Sciemment, je n’ai pas envie de parler d’hypersensibilité car le terme évoque pour moi une « sortie de norme » et revêt une connotation médicale (à l’instar de l’hypothyroïdie ou de l’hyperthyroïdie, de l’hypotension ou de l’hypertension etc). Or, outre le fait que je ne sois pas médecin, je n’aime pas cette idée de norme qui sclérose et fait que beaucoup de gens qualifient leur différence d’«anormalité » . Et alors, c’est compliqué d’avoir confiance en ses qualités et compétences dans ces cas-là.

Même si j’attire ce type de profil car je le suis aussi et « qui se ressemble s’assemble » et même si je me forme régulièrement sur cette différence de sensibilité, je n’aime pas me qualifier de spécialiste dans l’accompagnement des « hypersensibles » car je pense que les personnes qui font un bout de chemin avec un.e professionnel.le de l’accompagnement ont souvent ce profil puisque ce sont bien ces personnes qui cogitent et se remettent en question le plus souvent et qui ont envie d’évoluer. 😊 CQFD. Vous me suivez toujours avec mon raisonnement capillo-tracté ?

Toujours est-il que j’aime accompagner les belles sensibilités car ce sont ces personnes qui peuvent relever le défi de faire avancer le monde vers plus d’humanité, de liens, de respect de soi, des autres, des différences et de respect de l’environnement.

Quand on ne l’a pas encore apprivoisée, cette belle sensibilité est parfois un fardeau. Comme c’est lourd de sentir que l’on est plus impactés par les remarques des autres, que l’on a du mal à prendre des décisions, à trouver sa place, que l’on a besoin de voir du monde mais aussi d’être seul.e, que l’on se sent plein de contradictions ou que l’on a parfois des « jours avec » et des « jours sans » (nous allons en reparler plus bas).

Quand j’accompagne une personne avec une belle sensibilité, on chemine ensemble (en moyenne 3 à 6 séances) pour mieux comprendre cette sensibilité et découvrir que ce fardeau est aussi un beau cadeau.

Je n’aime pas non plus l’image du ou de la « wondercoach », une sorte d’extra-terrestre « plus tout que tout le monde » qui gère de main de maître sa vie comme une multinationale en étant toujours au top, sans aucun accident.

En tout cas, moi, je n’ai pas ces super pouvoirs et d’ailleurs, je n’en voudrais pour rien au monde car j’aime la vie qui a du relief. J’apprends de mes erreurs, de mes hésitations, de tous ces moments de « peut mieux faire », des épreuves surmontées. Finalement, ces failles sont peut-être autant de forces pour accompagner et donnent une légitimité. De nos faiblesses viennent nos forces ou encore, comme le dit si justement Paul Valéry : « La faiblesse de la force est de ne croire qu’à la force ».

« Qui se ressemble, s’assemble », dit le dicton et chante Etienne Daho. On y revient. C’est peut-être parce que je suis une « hypo wondercoach », que je peux faire un bout de chemin avec toi qui te reconnais en tant que personne à belle sensibilité.

Mais revenons aux « jours sans ». Si aujourd’hui est « un jour avec », hier était plutôt un « jour sans ». Cela m’arrive de temps en temps. J’aime jouer avec les mots et trouver des métaphores et j’ai laissé vagabonder mon esprit au fil des orthographes. C’était donc « un jour sans », « jour sang » car un peu de tristesse coulait mais aussi un « jour cent ».

Jour cent fois plus connectée à moi-même, jour sans fois plus sensible à la beauté de la musique, des paysages, des petites attentions qui réchauffent le cœur, aux difficultés de l’entourage, cent fois plus en lien avec mes questionnements pour avancer par la suite, cent pour cent plus consciente de notre humble condition d’humain car pas au « max de mes performances ».

Bref, une espèce de journée sur PAUSE ou en mode ralenti pour des jours qui suivent 100% plus de petits éclats de bonheur.

Quand cela t’arrive à toi aussi, j’ai envie de te dire que la meilleure façon de gérer sa tristesse, ses vagues à l’âme, c’est de les accueillir humblement et même avec tendresse et bienveillance : « tiens, c’est un jour sans au milieu de jours avec », d’accepter de ralentir et d’écouter ce que ton cœur et ton corps te disent, d’accepter qu’il n’y ait pas que la tête aux commandes (oh, en général, on sait très bien prêter l’oreille à notre petite caboche 😊).

En n’écoutant pas ce qu’il y a au fond de toi chaque jour, tu remplis ta cocotte-minute avec ton mijoté de vagues à l’âme à la sauce aigre douce et soit ça implose et tu somatises (mal de ventre, mal à la tête, au dos, que sais-je encore) soit tu exploses à tort et à travers et ainsi ta boulangère se fait enguirlander à 19h parce que « ce n’est pas permis de ne plus avoir de baguette à cette heure-ci quand les gens sortent du travail ! ».

Alors, par respect pour nos boulangers, accueillons aussi tout simplement nos « jours sans » et ce sera 100% plus sympa pour l’écosystème 😊

Crédit photos : merci à Ivan Dostal pour Unsplash

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